Compte-rendu de la soirée du 7 juin avec Marie-Jeanne Urech au Verre à Pied, Lausanne

« Le surréalisme ne se veut pas une nouvelle école artistique, mais un moyen de connaissances jusqu’alors inexplorées : le rêve, l’inconscient, la folie, les états hallucinatoires…tout ce qui ne relève pas de la logique. »

Philippe Nadeau

Baselitz ou l’art de renverser le réel ?

La soirée commence à 20h30 au Verre à Pied à Lausanne. Une trentaine de personnes ont répondu présent. Tulalu !? investira désormais cet espace pour présenter ses futures soirées littéraires.

Introduction surréaliste

Le surréalisme est un mouvement littéraire et artistique qui naît après la Première Guerre mondiale, en 1924, avec la publication du premier manifeste surréaliste par André Breton, médecin psychiatre devenu auteur. En résumé, voici quelques buts incontournables de ce manifeste :

–          Faire l’éloge de l’imagination : il s’agit de libérer l’imaginaire, de le réhabiliter dans la société, de le poser comme thème principal de l’œuvre

–          Contrarier les œuvres réalistes de l’époque. Pour Breton, le rêve ne doit plus rester caché dans l’inconscient, mais le rêve et la réalité doivent être traités sur pied d’égalité.

–          Dénoncer la logique des sentiments : mettre le merveilleux et le fantastique en avant ainsi que ce qui concerne l’individu. Le sens commun est alors totalement remis en question ; le surréalisme est profondément anti-conformiste

–          Revendiquer la liberté de l’homme : maintenir une sorte d’anarchie quotidienne

–          Faire taire la volonté : l’inconscient devient prioritaire (par exemple, les surréalistes croyaient à l’écriture automatique, le fait d’écrire tout ce qui leur passait par la tête sans censure aucune, sans travail au préalable, comme pour libérer l’inconscient à travers la plume).

Le surréalisme a touché la littérature, l’art et le cinéma. Les plus grandes figures du surréalisme sont  les écrivains André Breton, Louis Aragon, les peintres Salvador Dali, De Chirico ou encore Mirù et Luis Bunuel,  représentant du cinéma surréaliste.

Le mouvement a connu son apogée dans les années 30 et s’est pratiquement éteint durant la Seconde Guerre mondiale. Malgré quelques tentatives d’après guerre pour le faire renaître, il meurt définitivement avec la mort de Breton en 1966. Son digne successeur pourrait être bien être l’absurde avec Ionesco ou Beckett.

Le « sur-réalisme » de M.-J. Urech

Marie-Jeanne ne s’apparente pas au mouvement surréaliste. Quand elle décrit ses œuvres, elle parle de « surréalisme » dans le sens où les histoires qui composent ses nouvelles sont d’ordre « loufoque, fantastique ou merveilleux ». Pourtant, c’est, paradoxalement, de la réalité que s’inspire cet auteur. Toutes ses fictions sont issues d’un fait divers. Les fameuses vaches qui volent dans le ciel (dans la lecture qu’elle a faite devant l’assemblée le 7 juin) sont le résultat d’une énorme vache Milka que l’écrivain a aperçu dans le ciel alors qu’elle voyageait en train. S’inspirant d’une anecdote originale, Marie-Jeanne Urech se plaît à réinventer une nouvelle réalité : « Et si les vaches volaient donc…quelles en seraient les conséquences ? ».

Marie-Jeanne Urech essaie de décrire une « sur-réalité » qui obéirait à ses propres règles, de mettre en mots un rêve qui s’avère finalement totalement logique dans son absurdité. Il ne s’agit donc pas d’écriture automatique, d’inconscient qui prendrait le pas sur la réalité, tentant de donner à l’imagination, au rêve et à la folie, une place plus dominante. Il s’agit juste, pour le lecteur, de s’émanciper du concret qu’il connaît et d’accepter de jouer dans une autre réalité tout aussi logiquement structurée. Une foule de détails accompagne les histoires de Marie-Jeanne Urech. C’est pour mieux entrer dans la fiction, lecteurs ! Oubliez, vous les têtes en l’air, de lire une ligne de ses nouvelles ou romans sans concentration. Vous vous perdrez ! Marie-Jeanne Urech est exigeante avec le lecteur ; il doit suivre le chemin sur lequel il est sans détourner son attention ! Selon certains articles scientifiques qu’on ne citera pas ici, le monde serait constitué de plusieurs réalités…Pour Marie-Jeanne Urech, il s’agit de « les créer avant de les découvrir. »

Boris Vian : une source d’inspiration

Néologismes, jeux de mots, anti-conformisme, anti-cléricalisme autant de traits communs qui caractérisent « L’écume des jours » ainsi que les ouvrages de Marie-Jeanne Urech. Boris Vian, qui a écrit pendant la période surréaliste, mais qu’on n’a jamais véritablement pu classer dans un mouvement. Marie-Jeanne qui, profondément admirative de Boris Vian, a choisi de prendre tous les détours « sur-réalistes » possibles et imaginables pour nous conduire à la conclusion suivante : c’est peut-être bien notre réalité qui cloche ou qui manque de sens. Derrière le choix du « sur-réalisme », l’auteur nous démontre donc comme s’évader d’une société, comment la voir de haut pour mieux en révéler l’absurdité, le non-sens et comment, finalement, s’en détacher en acquérant un point de vue critique. La réalité est donc déformée, mais le fait « sur-réaliste » est bel et bien décrit de façon réaliste.

Performance par Christelle Meyer

A l’occasion de la soirée Tulalu !? consacrée à Marie-Jeanne Urech, nous avons accueilli une jeune comédienne auteur d’un « one woman no show ». Christelle Meyer s’est associée, le temps d’une soirée, à l’équipe Tulalu !? et a offert une prestation très applaudie du public. Mêlant des passages de son spectacle à des réflexions sur sa lecture de Marie-Jeanne Urech, la jeune femme a donné une représentation fine, drôle et enthousiaste qui a conquis le public et agrémenté la soirée d’une animation originale.

Extraits inspirés de L’Amiral des eaux usées de Marie-Jeanne Urech par Christelle Meyer :

« Le sur-réalisme ! Le réalisme, je ne suis pas sûre que je sache le voir alors le surréalisme ? »

Vous trouverez plus d’informations sur son site.

Tulalu !?, un défi culturel

La soirée Tulalu !? a permis de créer des interactions entre l’auteur et le public. Or, dans ce public, il faut relever la présence d’autres écrivains, de comédiens et de metteurs en scène. Un débat a donc eu lieu autour des écrits de Marie-Jeanne Urech. Quelqu’un a même suggéré qu’il faudrait mettre ses nouvelles en scène…Tulalu !? a commencé à relever son défi :  créer à long terme un espace d’échange artistique et culturel autour de la littérature en Suisse romande. Nous nous réjouissons d’accueillir de nouveaux auteurs et de continuer à enrichir nos rencontres de performances artistiques diverses.

Edition spéciale rentrée, le 23 août

Le 23 août prochain, nous accueillerons Yves Delay, ancien professeur au Gymnase de Beaulieu et médiateur dans cet établissement pendant très longtemps. Nous le recevrons à l’occasion de la parution de son livre « Une histoire d’amour » qui aborde le métier d’enseignant sous un angle original : celui du cœur. Le livre, contenant une foule d’anecdotes sur les élèves, révèle aussi les méthodes d’enseignement de ce professeur : original, percutant et hors normes. Ce livre parle de l’amour du métier, de l’amour de la jeunesse, de l’amour de la vie.

Recherche collaborateurs motivés

Tulalu !?  cherche à agrandir son équipe de collaborateurs ! Vous avez envie de vous investir dans ce projet ? C’est avec plaisir que nous vous accueillerons !

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Carole Dubuis

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